Comment Instagram m’a endetté
Imaginez-vous cette fille : sable fin, mer turquoise, dans un corps bronzé par le soleil, allongée sur un catamaran un verre de rosé à la main dans un trikini noir de la dernière collection d’une grande marque. Puis imaginez-la encore : dans une jolie rue de New York ou Los Angeles, elle prend la pause dans un #ootd (outfit of the day) composé uniquement de vêtement et accessoires de créateurs.
Cette jeune femme c’est Lissette, une wanna-be-famous qui s’est endettée de 10 000$ pour essayer d’atteindre ce doux rêve éphémère : devenir une influenceuse !
Allez, avouons-le (no taboo ici, on est en famille !), on a au moins une fois rêvé d’être une influenceuse, youtubeuse ou instagrameuse super célèbre avec des dizaines de milliers de followers (voir des millions !). De parcourir le monde, de prendre des photos dans des spots de fou, de recevoir des colis plein de cadeaux chaque jour, de lancer une marque à son nom, d’être chouchouter par des marques de fringues, d’être invitée sur des tapis rouges, à des festivals et tout ça gratos of course. Admettez-le, on tente ! Sinon pourquoi referions-nous 20 fois la même photo en quête de la pause et de la lumière parfaite? Pourquoi aurions-nous 30 hashtags en dessous de la description, tels des bouteilles lancées dans la mer des likes? Pourquoi taguerait-on une marque dès qu’on porte un de ses accessoires ?
Pour les happy-few qui percent vers la lumière, ce rêve peut-être une réalité. Car pour les milliers d’autres jeunes femmes dans la file d’attente de la célébrité, le prix à payer est parfois immense.
Revenons à notre Lisette. Une jeune américaine originaire de Miami qui a déménagé à New York City en 2016 pour faire un stage de 6 mois dans la publicité.
Brunch entre copines, virées shopping et voyages étaient sa routine. Et le tout bien sûr posté chaque jour sur Instagram pour montrer à ses followers sa vie à la Sex and the City. Ses virées shopping n’avaient d’ailleurs (comme elle le dit elle-même) qu’un seul but : avoir la photo parfaite à poster sur ses réseaux, quel que soit le prix que ça lui aurait couté.
Son compte Insta était très glamour et donnait envie. De belles photos bien cadrées/filtrées/croppées, des vêtements de grandes marques, des cocktails entre amis, des restos, des lieux paradisiaques…. Bref une vie de jeune New Yorkaise fashion comme on se l’imagine. A un détail près : Lisette n’avait pas du tout les moyens de son train de vie ! Son stage à NYC n’était pas rémunéré, elle vivait de ses maigres économies et d’un temps partiel dans un magasin de fringues et forcément: elle contractait des crédits! En 6 mois à NYC elle s’est endettée de pas moins de 10 000$ !!! Pourquoi ? Pour paraitre « super likeable » sur Instagram. Afin de ne pas poster la même tenue 2 fois de suite, elle devait sans arrêt acheter de nouveaux vêtements. De temps en temps aussi elle s’offrait un it-bag de créateur à 1000$ afin de s’en vanter sur les réseaux sociaux. Et ce n’est pas tout : Elle voulait aussi avoir l’air de mener un train de vie de jet-setteuse donc une fois par mois en moyenne elle partait en voyage: Bahamas, Los Angeles, Las Vegas…dans le seul et unique but de faire des snaps, des stories et des photos parfaites dans ces lieux de rêve. C’était un vrai cercle vicieux : plus elle postait, plus elle s’endettait. Elle le confesse elle-même : « Je vivais dans un mensonge. J’avais un gros nuage de dettes au-dessus de ma tête».
L’an dernier Lissette à fait son coming-out en avouant publiquement qu’elle s’était laissé entraîner dans cette spirale infernale, que tout n’était que du fake, de la poudre aux yeux. Que sa vraie vie était tout autre. Qu’elle avait payé tous ses achats de fringues et ses voyages à crédit dans le seul but de « vivre le rêve », aussi furtif qu’il aura duré.
Son histoire peut résonner fort chez certaines personnes. La course à la gloire instantanée fait fureur sur Insta. Fitgirls, modeuses, make-up artists ou lifestylers… toutes rêvent de leur moment de gloire, du million de followers et de marques célèbres qui feraient la queue pour un post sur leur compte. Mais la réalité est toute autre et elle se rapproche plus de la réalité de Lisette : la course aux likes, aux followers, aux derniers produits qu’il faut acheter dans l’espoir que notre tuto ou notre « haul » fera un succès ou que la marque que nous avons tagué nous remarquera et nous contactera.
Ne vous laissez pas berner par les strass et paillettes. Ne vous endettez pas pour un post ou un like. Vous voulez une vie extraordinaire, une vie inspirante pour des milliers/millions de personnes ? Soyez en paix avec vous-même (et cette paix passe par une paix financière de se dire qu’on contrôle son argent), ne vous laissez pas prendre au piège d’une vie virtuelle #glamour et #fashion alors que dans la réalité vous n’arrivez même plus à payer vos factures. Ne vous créez pas des Insta-dettes qui elles n’auront rien de virtuel !
Servez-vous de votre argent pour vous libérer de vos dettes, pas pour vous en créer davantage ! Lorsque vous serez libre de toutes ces dettes et ces crédits toxiques, vous pourrez vous acheter cash toutes ces choses si vous le souhaitez. Vous ne ressentirez plus le besoin de combler le vide que votre situation financière actuelle vous impose et cette illusion que votre vie virtuelle (et fake) fait plus envie que votre vie réelle. Faites tomber ce masque social qu’on vous oblige (avec votre pleine autorisation ceci-dit) à porter . Vous valez mieux que ça !
Pour finir, je laisse la parole à Lissette qui résume parfaitement l’idée de ce post: « Aucune photo ne vaut la peine de s’endetter ».
With Love ♥
Sam